Il s'appelle Louis.
Elle ne l'a jamais vu.
Ils se sont donnés rendez-vous à 20h00 mercredi 10 décembre devant la cathédrale, à côté du grand sapin de noël et de la patinoire installée comme tous les ans à ciel ouvert. Une rencontre d'une heure, pour cette première rencontre ils iront boire un verre. Elle a dit oui, le programme lui convient.
Elle a fait sa connaissance sur internet deux semaines plus tôt.
Il est ingénieur, récemment arrivé dans la région.Il a cinquante ans, il est grand, les yeux verts, agréable à regarder, c'est ainsi qu'il se décrit.
Ils n'ont pas beaucoup discuté. Tout au plus quelques mails.
Elle lui a donné son numéro de portable. Il doit la rappeler le jour du rendez-vous pour savoir si elle arrivera à l'heure car elle a un rendez-vous professionnel important à 19h00 et elle a peur d'être en retard.
Il l'a effectivement appelée. Elle ne sera pas en retard, le rendez-vous professionnel ayant eu lieu en milieu d'après-midi.
Elle est vite rentrée chez elle, s'est changée, remaquillée. Elle se trouve plutôt pas mal. Ses yeux sont brillants.
Dans sa voiture qui la mène au rendez-vous, elle est un peu inquiète , excitée mais inquiète. Et si elle ne lui plaisait pas, et s'il ne correspondait pas à l'image que depuis deux semaines elle s'est construite.
Elle se gare, elle est un peu en avance.
Il fait très froid elle a remonté bien haut le col de son manteau, ne faisant apparaître que ses yeux.
Elle arrive sur la place, jette un regard rapide, apperçoit un homme qui fait les cents pas.
Après tout ce n'est peut-être pas lui. Elle décide de continuer son chemin, de faire le tour et s'il est encore là elle ira vers lui.
Elle croise alors un autre homme qui semble attendre.
Ce n'est pas lui, il ne ressemble pas à la description. Il est brun, typé, des yeux magnifiques, profonds, de grands cils. Il pose son regard sur elle intensément. Il y a longtemps qu'un homme ne l'avait pas regardée comme ça. Trois secondes, une éternité.
Elle fait, comme elle l'a prévu, elle fait le tour de la place.
Elle repasse devant cet homme toujours là, qui attend. Il lui sourit maintenant et toujours ce joli regard qui l'invite à s'arrêter.
" vous êtes Louis?"
" Et vous? "lui répond-il
Elle se souvient alors que Louis est blond aux yeux verts.
"Mais pourquoi vous vous êtes décrit différement, vous aviez peur de n'accrocher personne , de ne rencontrer personne, alors vous avez menti sur votre apparence physique, c'est ça."
Le regard de l'homme se durcit et son visage se ferme.
Et elle continue son petit discours.
"Et bien rien que de savoir que vous avez raconté des bobards, je n'ai pas envie de passer une heure avec vous. C'est nul de mentir sur la marchandise".
" Mais de quoi parlez-vous depuis cinq minutes et qui est ce Louis? Je vous ai vu passer devant moi je trouve vos yeux très beaux, brillants dans les lumières de la ville. Vous m'avez regardé assez fixement et comme vous êtes repassée devant moi à nouveau je vous ai souri, par plaisir, j'étais content. Mais pour qui me prenez-vous? Un imposteur? Mais c'est vous qui avez monté votre petit film. Je ne suis pas l'homme avec lequel vous avez rendez-vous,j'aurais bien aimé mais plus maintenant. Parce que vous pensez que tous les mecs un peu bronzés ont peur de se ramasser des vestes à longueur de temps? Alors ils mentent se font passer pour des blonds aux yeux verts. Votre façon de voir la chose est humiliante..."
Il lui a tourné le dos. Elle est restée là, avec sa honte.
L'autre homme était toujours là au pied du sapin, blond aux yeux verts.
C'était lui.
Mais elle n'avait plus envie, elle pensait désormais à cet homme magnifique au regard profond, souriant, mais devenu si grave et triste. Cet homme finalement qu'elle aurait volontiers échangé contre celui avec lequel elle avait rendez-vous. Elle avait tout gâché.
Elle ne le reverrait jamais. C'était un mercredi soir sur la terre.....
Belle histoire d'une rencontre inachevée, qui aurait pu... mais qui n'a pas... Elle me fait penser à ce très beau poème d'Antoine Pol, mis en musique par Brassens, les Passantes.
Si on ouvrait les gens, on découvrirait des paysages, dit à l'instant Agnès Varda sur Arte. Et quel paysage aurais-tu trouvé, ma belle Isa ?
Une garrigue sèche avec oliviers et agrumes ? Ou une côte ventée avec des falaises vertes et grasses ?
J'aime l'idée de ces instants qui basculent, ou pourraient basculer, mais je n'aime pas l'idée que tu en sois la prisonnière. Mais ta réaction prouve peut-être que tu n'étais pas préparée à cette rencontre. Il faut qu'il y ait une alchinmie particulière, un bout d'amadou qui s'embrase et devient flamme.
Ca viendra, ma belle...
Baisers, puisqu'ils te réconfortent.
Rédigé par : Philémon | 13 décembre 2008 à 20:36
Sept fois tourner sa langue dans sa bouche avant de causer...!
Rédigé par : macaron | 14 décembre 2008 à 11:16
... et d'envisager de la tourner dans la bouche d'un autre...!
Rédigé par : macaron | 14 décembre 2008 à 16:58
... et d'envisager de la tourner dans la bouche d'un autre...!
Rédigé par : macaron | 14 décembre 2008 à 17:03
Ah zut alors...
Moi, je préfère les bruns ;-)
Rédigé par : Lou | 18 décembre 2008 à 15:22
Ah, je trouve cette histoire terrible ! terrible !
Bleck
Rédigé par : Bleck | 21 décembre 2008 à 22:01
Il peut être intéressant de continuer cette histoire, de la faire rebondir pour plus d'optimisme, non ?
Néanmoins, il est vrai que les êtres humains sont souvent d'éternels insatisfaits !
Rédigé par : stéphane | 07 janvier 2009 à 23:28
Elle me botte, ton histoire !
Rédigé par : PRISE DE CHOU | 11 février 2009 à 17:34